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Êtres et objets éphémères : frontières des archives

Type de ressource
Auteur/contributeur
Titre
Êtres et objets éphémères : frontières des archives
Résumé
Est-il possible de concilier, dans le cadre de la recherche en littérature, un ensemble d’objets provenant des archives et un choix d’autres objets procédant de fictions ? Un tel geste nous met, en tout cas, face à de nouveaux enjeux théoriques et analytiques. Il faudrait partir de ce que les archives ne contiennent pas, de ce que nous ne savons pas sur la foule de « personnages » dont il ne reste souvent qu’un fragment écrit ; ces êtres qui peuplent les archives peuvent donner lieu à des fictions (comme dans le cas, bien connu, du Martin Guerre de Nathalie Zemon Davis), ou devenir objet d’étude des sciences humaines et sociales – et donc être cités, racontés, ou répertoriés de diverses façons. Arlette Farge et Philippe Artières se sont, eux aussi, penchés sur cette question et ils ont signalé que notre imagination scientifique se projette à la fois sur le contenu des archives et sur tout ce qu’elles n’ont pas conservé – les rebuts, les restes, les « poubelles ». La complétude illusoire des archives s’opposerait ainsi à l’incomplétude de chaque objet conservé et à son manque de contextualisation. Or on peut se demander, s’agissant de tels fragments sans suite ni continuité, ce qu’il y a dans ces « voix écrites » qui nous incite, nous chercheurs, à les conserver, à les citer, même lorsque ce n’est pas nécessaire, dans l’économie de nos travaux. Les chercheurs qui se sont intéressés aux archives de Heinrich Schliemann, l’archéologue autodidacte qui est censé avoir découvert le site de l’ancienne ville de Troie, né en 1822 à Neubukow et mort à Naples en 1890, ont essentiellement travaillé sur les lettres échangées avec des personnages célèbres : Ernest Renan, Charles-Ernest Beulé, John Lubbok et d’autres…
Publication
Critique
Volume
879-880
Numéro
8-9
Pages
756-767
Date
2020
Abrév. de revue
Critique
Langue
FR
ISSN
9782707346483
Archive
Extra
Place: Paris Publisher: Éditions de Minuit
Notes

Collecter, prélever, monter des fragments documentaires pour élaborer une œuvre plastique, cinématographique ou littéraire n’est pas une démarche sans précédent : elle a, bien au contraire, toute une histoire, dont plusieurs moments clés, de Reznikoff à Perec, sont rappelés dans ce numéro. Mais cette pratique, dans le monde littéraire et artistique d’aujourd’hui, a pris une ampleur et un sens nouveaux.
Il y a dans la création contemporaine ce qu’on a pu appeler une « révolution documentale ». Les fragments rassemblés peuvent être issus d’archives institutionnalisées ou personnelles. Ils peuvent avoir été glanés dans l’histoire ou dans la rue. Le terme « montage » est le plus fréquemment employé, avec « bricolage », pour désigner l’opération qui congédie la notion d’inspiration au profit d’une conception de la création artistique comme « production », « témoignage », « reportage », « enregistrement », et qui signale un déplacement de la figure de l’auteur vers celle du « collecteur ».
C’est cette effervescence très actuelle autour de l’archive et du document que décrivent, commentent et analysent les écrivains, philosophes, critiques, essayistes et traducteurs, historiens et historiens de l’art, réunis ici par Muriel Pic.

Référence
LOUIS, Annick. Êtres et objets éphémères : frontières des archives. Critique [en ligne]. 2020, Vol. 879‑880, no 8‑9, p. 756‑767. DOI 10.3917/criti.879.0756. Cairn.info. Place: Paris Publisher: Éditions de Minuit
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