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L’exploitation et la mise en valeur sont omniprésentes dans le discours archivistique. Aussi centrales soient-elles, ces notions demeurent toutefois vastes et difficiles à saisir sur le plan théorique. Dans son texte, Martine Cardin part de ce constat et vise à réfléchir l’exploitation des archives dans la perspective d’un système d’intervention conditionné par des acteurs, des processus et des rapports avec un environnement. Elle présente à cette fin trois modèles d’exploitation des archives définis à partir de trois fonctions déterminant des contextes de signification distincts à l’intérieur desquels les différents usages des documents prennent place. Se référant à une étude ethnologique des pratiques culturelles, elle tire ces fonctions de trois types de besoins sociaux (coutumiers, pragmatiques et expressifs) auxquels servirait la consignation de l’information. Ainsi, dans le contexte d’une première fonction, coutumière régulatrice, les documents jouent un rôle « politique », en ceci qu’ils instrumentent l’exercice du pouvoir des dirigeants, en prouvant, informant et témoignant de leurs intentions et de leurs actions. Du point de vue d’une seconde fonction, pragmatique cognitive, les documents sauvegardent et transmettent des connaissances nécessaires à des réalisations humaines. Finalement, dans l’optique d’une troisième fonction, expressive médiatrice, les documents constituent un patrimoine et servent à la reproduction culturelle de la société. L’approfondissement de ces différents contextes de signification permet, selon l’auteure, de dépasser les modèles classiques postulant la passivité des utilisateurs dans la mise en valeur archivistique et d’identifier les différents jeux de relations ayant lieu entre les acteurs qui participent à l’exploitation documentaire.