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« Les archives relatives à la colonisation sont un patrimoine commun, à partager de toute urgence. [...] [Elles] font tout autant partie de l’histoire de la Belgique que de celle du Congo, du Rwanda et du Burundi ». C’est par ces mots sans équivoque que les Archives de l’État ont réagi sur leur site internet, à la publication du rapport des experts de la Commission spéciale chargée d’examiner l’État indépendant du Congo et le passé colonial de la Belgique1. Mais comment tenir cette position éthique forte, comment passer de la réflexion théorique à la pratique, alors que les Archives de l’État sont appelées en vertu de la seule législation belge à conserver une part substantielle des archives nées de la colonisation belge en Afrique centrale ? Comment concevoir un patrimoine commun au sein d’une institution héritière de processus de travail plusieurs fois centenaires ? Comment tenir cette position qui nécessite de très lourds investissements, alors même que l’institution en proie à un sous- nancement chronique est déjà détentrice de collections considérables, couvrant dix siècles d histoire (soit 370 kilomètres linéaires) ? Est-il même légitime et indiqué pour les archivistes d’intervenir dans le débat sur le passé colonial de la Belgique, son histoire et sa mémoire ?